les artistes

Pierre Malherbet arpente la ville à hauteur de vélo, son centre, ses banlieues, ses grands ensembles. Ses « Urbanités » ne s’attachent pas tant à nous dévoiler l’environnement qu’à en explorer les potentialités plastiques. Ici, l’espace photographique restitue la densité du tissu urbain. Il n’y a que bâti, bord à bord ; ces photographies sont de la matière brute, géométrique – rares sont celles où l’on voit un sol, un ciel, une respiration. La répétition des motifs, jusqu’au vertige, l’agencement des plans selon une logique propre au photographe, déconstruisent le projet architectural pour lui substituer une image photographique.

C’est également un glissement sémantique qui s’opère. Si l’urbanité renvoie à la politesse qui découle de l’usage du monde, ce sont pourtant des villes sans habitants que les photographies de Pierre Malherbet nous donnent à voir. L’humain, le vivant n’apparaît qu’en creux. Pour le deviner, il faut changer d’échelle, s’approcher de l’image et regarder en son cœur. Là, une rangée de livres, ici une ampoule allumée… La lumière, essence même de la photographie.